Des vertes et des pas mûres
La princesse, fort de son petit succès personnel d'être passé sur la gazette locale, se dit que finalement, elle était sur le chemin qui s'annonçait bien mieux que les précédentes fois. En effet, la sorcière dépression semblait avoir plus ou moins disparue, ne la revoyant que très rarement, en fait lors de petits moments de déprime, comme il sied a tout le monde. Elle comprit justement que si notre sorcière dépression ne disparaissait jamais complètement c'etait qu'elle faisait partie de nos vies a nous, et que, malgré tout, c'etait un sentiment humain que de ne pas être tout le temps joyeux. Elle l'acceptait ainsi mieux et leurs rares rencontres se passaient bien.
La princesse fut ravie de remonter chaque jour un peu plus sa pente semée d'obstacle et se félicita d'avoir réussit a mieux se connaitre durant ces moments de tristesse. Il est vrai que si ces moments furent durs aussi bien pour elle que pour toutes personnes victimes de ce sort, ils avaient au moins l'avantage de se poser des questions sur soi, les gens autour de nous, la societé en général.
La princesse découvrit ainsi que cette société faisait en sorte de lui faire avoir honte sur sa situation aussi bien par le nain qui les gouverne que par les autres personnes dans le royaume. Pourtant, elle n'avait jamais rien fait pour, cela arrivait, chacun, chacune devait avoir sa part de malédiction au moins une fois dans sa vie. C'était ainsi et on n'y pouvait point faire grand chose, a part se battre tous les jours pour montrer aux autres mais surtout a soi, que, malgré cette situation on existait toujours et que l'on avait sa place comme tout le monde dans le royaume.
Ainsi, la princesse menait sa vie tambour battant, le coeur plus léger et se dit que un jour elle y arriverait et qu'elle ne se laisserait plus faire ni par sa famille, ni par les autres. Pourtant il y a toujours des exceptions a cette règle, et la jeune fille en entendit des vertes et des pas mûres.
Un jour, comme presque chaque semaine, la princesse alla rendre visite a sa belle soeur dans un petit patelin voisin, pour lui tenir compagnie a elle et à sa nièce agée de 8 mois. Depuis sa grossesse elle venait la voir toutes les semaines pour faire sa dame de compagnie, car elle était toute seule, elle continuait ainsi son voyage long d'une heure pour la voir. On était alors au moment de la saison chaude et surtout de la grande solderie si chère a la princesse. Comme toujours, elle était contente de voir sa petite nièce qui ne souriait qu'a elle et a sa mere depuis ses 3 mois. Comme toujours elles discutaient volontiers sur elles, leur marâtre et parâtre, la famille, la petite. Ce jour là, la princesse parla de son prince qui lui avait offert un cadeau sans aucune raison, ce qui la rendait heureuse. Sa belle soeur lui rétorqua une sorte de sous entendu comme quoi la princesse profiterait des sous de son compagnon, ne gagnant pas elle même ses propres sous. Ainsi, selon ses dires, elle prendrait les écus de son cher et tendre prince pour s'acheter pleins de choses. La princesse ne su trop quoi répondre et ne voulait pas se mettre en colère et se facher, même si cela lui en coutait elle répondit :
" Ah non pas du tout, il m'a offert ça, mais je ne lui ai jamais demandé, ce sont ses sous, son salaire qu'il se gagne, je ne le force pas, c'est à lui et rien qu'a lui, il ne me viendrait jamais a l'esprit de lui prendre des sous"
La belle soeur se calma et sa petite pique paru s'émousser en quelques secondes. Certes, la princesse ne gagnait pas de sous, mais jamais ô grand jamais elle ne demanderait des sous a son prince. Etait-ce de sa faute si son beau frere n'offrait pas de cadeau à sa bien aimée? Pourquoi ne lui en offrait-il pas si ils gagnent trois fois plus que la princesse et son prince?
La princesse se tut, ne sachant plus quoi dire, tellement cette remarque l'abasourdit. Finalement la conversation reprit sur le loisirs de la princesse: le scrapbooking. Elle expliqua que c'etait une manière de mettre en avant les photos de part des motifs, des lettres, des objets, ..une sorte de mise en scène. Elle découvrit cette discipline il y a quelques mois et depuis essayait de s'améliorer, et surtout elle l'adorait. Là encore la belle soeur demanda:
" Tu le fais pour passer le temps, car tu dois t'ennuyer la journée non?"
La princesse failli s'etouffer dans sa gorgée de tisane au tilleul, reussit a l'avaler pour de bon, se calma, posa la tasse et rétorqua:
" Oulà pas du tout, je fais pas ça parce que je m'ennuie, au contraire je m'ennuie pas du tout, je vois mes amis, je vais a differents rendez-vous, je fais d'autres activités comme le dessin, là le scrap, je viens te voir, franchement je m'ennuie pas, je vois pas les journées passer. Si je le fais c'est que j'aime ça, je suis très manuelle, depuis petite, et je me suis rendue compte que sans dessin, sans aucune activité manuelle je me meurs, ça me donne un certain oxygène, ça compte beaucoup pour moi".
Là encore la princese ne comprit pas ces remarques de sa belle soeur, et encore une fois, ne voulu pas se mettre en colère, et répondit honnêtement.
A la fin de cette journée, la princesse fut soulagée de voir son prince, ils prirent congé, promettant de revenir la voir, et enfin repartirent au château des parents. La jeune fille raconta sa mésaventure avec sa belle soeur à son prince, qui lui, comme a son habitude, ne dit pas grand chose.
La jeune fille rose fut peinée de cette entrevue, elle qui aimait bien sa belle soeur, elle qui la défendait toujours devant sa soeur. Quelque chose se cassa, elle ne su dire quoi, mais même si, malgré tout, elle l'appréciait, dorénavant, elle la voyait sous un autre jour.
Encore une fois les aléas de la vie apprirent une bonne leçon a la princesse: elle se dit que finalement sa marâtre semblait moins pernicieuse que sa belle soeur et que l'on ne connait pas toute de sa famille.